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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 23:15

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 20:11

 

Un moment de détente, grâce à Thomas du site russie.fr qui a souhaité le partage. Bien sur, j’ai trouvé que c’était trop parfait pour être instantané! la réponse nous est donnée dans les commentaires du site par Jules  (extrait:) » Dans le cas présent ce n’est pas du tout une flash mob. C’est un événement officiel créé avec beaucoup de moyens et des acteurs professionnels sur un budget public ayant été diffusé à la télévision en prime time. C’est exactement le contraire d’une flash mob, c’est un événement non spontané au possible.
En plus cela était en plein milieu d’une campagne électorale… C’est juste un moyen de faire des RP au bon moment. » Merci Jules pour les précisions, n’empêche que ça réchauffe…Merci à Thomas.

 



 

On avait déjà vu ce genre d’événement dans certaines gares, pendant des concerts ou dans des lieux publics. Pour expliquer en quelques mots, un flash mob, c’est un phénomène mondial répandu grâce au web. Le principe est simple. Plusieurs personnes se sont données rendez-vous dans un lieu public à l’initiative des quelques organisateurs. Le jour J, tout le monde est prêt et vient au rendez-vous incognito à l’insu du public qui lui se promène, tout simplement.

Tous les participants le plus souvent ne se connaissent pas et ont pris le temps de répéter toute une chorégraphie à faire le jour J, à l’instant T au signal des organisateurs. Et l’effet est parfois très spectaculaire comme c’est le cas ici. On dirait que la magie surgit de nulle part, comme par enchantement et c’est fait pour. Le lieu se transforme en méga fête en quelques secondes et pour quelques minutes seulement, le temps de se lâcher comme jamais.

Voyez plutôt, là, c’est vraiment réussit. Ils l’ont fait tout près de l’Université d’Etat de Moscou, sur la colline aux moineaux (воробьевы горы en russe). Il faisait froid ce jour là, et pourtant… il faisait chaud. :)

Je n’ai pas pu résister à partager avec vous ce moment de pur plaisir.

 

Titre original:

Цекало и Puttin` отожгли на Воробьевых горах

Source RUSSIE.FR

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 20:09


 

grec

Il y a des articles après lecture desquels le lecteur se dit : « Ce n’est pas possible, je m’informe régulièrement et je pense être au courant des actualités la plupart du temps, pourquoi je ne sais rien de cela ? »

Le présent article est un tel article. Ceux qui pensent qu’il s’agit dans le contexte d’Euro-Gend-For d’un terme lié à la notion anglaise « gender » ­– définition artificielle et très à la mode du « genre », du « sexe social » – se trompent.

Le nom est un morceau de magnificence issu du pouvoir d’innovation intellectuelle des Français : au lieu d’une troupe de l’UE de malfrats violents à la Rambo, ou des Bodyguards à la paie de Goldman-Sachs selon le modèle Blackwater, est née une armée privée dénommée « Force de gendarmerie européenne » (FGE).

Les Allemands du camp d’Angela Merkel pourraient ainsi détourner sur les Français le « mécontentement » que l’Europe de l’euro, prétendument si amoureuse de la liberté, déclenche dans les pays où elle intervient. Mais cette mascarade se terminera au plus tard à l’arrivée en Grèce.

Les gouvernements européens savent exactement ce qui les attend. Pour ne pas devoir utiliser leurs propres armées contre les citoyens du pays, la troupe paramilitaire « Force de gendarmerie européenne » a été fondée en secret – ni vu, ni connu.

En théorie, on peut faire appel à la FGE partout où l’Union européenne voit une crise. C’est fixé ainsi dans le Traité de Velsen qui règle les interventions d’EuroGendFor. La devise dans les armoiries est la suivante : « Lex paciferat » – ce qui peut être traduit par : « Le droit apportera la paix ». Il souligne « le principe du rapport étroit entre l’imposition des principes de droit et le rétablissement d’alentours sûrs et protégés ».

Un « conseil de guerre », sous forme de comité interministériel composé des ministres de la Défense et de la Sécurité des pays membres de l’UE participants, décide de la stratégie d’intervention. La troupe peut être mise en marche soit sur demande, soit après décision de l’UE.

Dans l’article 4 du Traité constitutif concernant les missions et les engagements on peut lire : « On peut recourir aux FGE pour protéger les personnes et les biens et maintenir l’ordre en cas de troubles publics. »

Les soldats de cette unité paramilitaire de l’Union européenne doivent certes respecter le droit en vigueur de l’Etat dans lequel ils interviennent et où ils sont déployés, mais : tous les bâtiments et tous les terrains qui sont pris par les troupes sont exterritorialisés et ne sont plus accessibles mêmes pour les autorités de l’Etat dans lequel la troupe intervient. Le monstre de l’Union européenne abroge ainsi le droit national aussi en cas de lutte anti-émeute.

« EuroGendFor » est une troupe policière paramilitaire et des services secrets qui peut être rapidement mise en place. Elle unit tous les pouvoirs et moyens militaires, policiers et de services secrets qu’elle peut exercer en collaboration avec des troupes nationales de police et d’armée, après être mandatée par une cellule de crise interministériel dans chaque lieu pour la lutte contre des troubles, contre des révoltes et contre de grandes manifestations. Le ministère fédéral de la Défense fait l’éloge de l’EuroGendFor sur ses sites Internet en disant : « Police ou Armée : Une gendarmerie européenne promet la solution. »

L’EuroGendFor est encore presque complètement inconnue et dans l’ombre. Cela ne restera pas ainsi. Plus les gens sont poussés dans la misère par la politique de gestion désespérée et erronée de la crise, plus cette troupe nantie de pouvoirs illimités devra « régler » la situation. Les chefs d’Etats européens se rendront compte avec gratitude qu’ils ne seront pas dans l’obligation d’utiliser leurs propres corps de police et d’armée contre leurs citoyens.

Source : comite-valmy.org

 

 

http://infolibretv.fr/?p=816&utm_source=dlvr.it&utm_medium=facebook

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 20:05

NWOLe Partenariat trans-Pacifique (TPP), vaste zone de libre-échange à douze pays qui compte regrouper 40% de la richesse mondiale, ne sera pas signé avant la fin de l’année, contrairement aux ambitions des Etats-Unis qui soutiennent le projet à bout de bras.

« Nous avons décidé de poursuivre notre travail dans les semaines à venir… Après un travail supplémentaire mené par des négociateurs, nous avons l’intention de nous retrouver le mois prochain », ont indiqué dans un communiqué commun les douze ministres du Commerce des pays impliqués.

Les responsables étaient réunis à Singapour depuis samedi, dans l’espoir, caressé par les Américains, qu’un accord soit signé d’ici à la fin de l’année. Les Etats-Unis, grands défenseurs du projet, avaient déployé d’importants efforts pour accélérer les débats.

Le TPP implique 12 nations dont le Japon et les États-Unis, mais sans la Chine. Cet ensemble, qui représente 40% du Produit intérieur brut mondial, est souvent perçu comme le symbole de la multiplication des accords régionaux, prenant le pas sur le multilatéralisme défendu au sein de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), qui regroupe 159 Etats-membres.

La réunion du TPP à Singapour a débuté samedi, le jour même où s’est conclue sur l’île indonésienne de Bali une conférence ministérielle de l’OMC où un accord a minima a été signé pour relancer le programme de libéralisation des échanges lancé à Doha en 2001 mais qui était jusqu’à présent resté lettre morte.

PÉKIN POURRAIT Y ADHÉRER

Le TPP regroupe l’Australie, le Brunei, le Canada, le Chili, le Japon, la Malaisie, le Mexique, la Nouvelle-Zélande, le Pérou, Singapour, les Etats-Unis et le Vietnam. D’autres pays pourraient se joindre lors d’une étape ultérieure.

Pékin n’exclut pas totalement de rejoindre un jour le TPP mais lui préfère un projet concurrent exclusivement asiatique, réunissant 16 pays, sans les Etats-Unis. Cette initiative est défendue par l’Association des nations d’Asie du Sud-Est (Asean).

Le président américain Barack Obama a vanté le TPP comme faisant partie de sa stratégie de faire de l’Asie le « pivot » de sa politique étrangère. Mais les discussions achoppent sur la complexité de l’ouverture de certains marchés, en particulier du Japon.

Des milliers d’agriculteurs nippons étaient ainsi descendus dans les rues de Tokyo la semaine dernière pour s’opposer à la volonté du gouvernement japonais de prendre part au TPP.

Au Japon, le secteur agricole, protégé par d’importantes barrières douanières, est persuadé qu’il a plus à perdre qu’à gagner, craignant une déferlante de marchandise étrangère à bas prix impossible à concurrencer avec des petites exploitations dispersées et entretenues par des cultivateurs de plus en plus âgés.

Malgré l’échec des négociations, le représentant (ministre) américain au Commerce, Michael Froman, a qualifié la réunion de Singapour de « très productive », lors d’une conférence de presse conjointe.

Son homologue australien Andrew Rob s’est déclaré « encouragé » par les discussions, tout en admettant cependant : « nous avons encore beaucoup à faire ».

« Il y a encore du travail à faire avant un accord mais nous avons trié les points, les problèmes et les défis, et en ce sens, nous avons réalisé de très importants progrès », a expliqué le Japonais Yasutoshi Nishimura.

« Comme c’est toujours le cas dans la vie, les décisions politiques les plus difficiles sont gardées pour la fin », a ajouté le Néo-Zélandais Tim Groser.

Les détracteurs du TPP y voient la main-mise des Etats-Unis, estimant que Washington tente d’imposer ses vues à l’ensemble de l’Asie-Pacifique, en particulier en matière de propriété intellectuelle.

Soutenu par les grands groupes pharmaceutiques, il permettrait d’instaurer des brevets à plus long terme, protégeant ainsi plus durablement les médicaments. Des ONG comme Médecins sans frontières estiment que cela restreindrait l’accès pour des millions de pauvres à un traitement générique bon marché.

Washington estime que ces brevets, plus durables, font partie des « règles d’or » indispensables pour l’économie du 21e siècle. A la différence de la plupart des autres traités de libre-échange, le TPP couvre des domaines comme l’environnement et les normes du travail

Le TPP, un processus fin 2011, avait déjà manqué une première échéance visant à signer un accord avant la fin 2012.

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 19:20

Pour écouter le document audio, cliquer sur le lien ci-dessous :

 

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2013%2F12%2F09%2F357-frederic-lordon-prone-la-suppression-de-la-bourse-conchie-l-union-europeenne-et-l-euro-defend-la-nation-la-souverainete-populaire-et-leurs-institutions

 

 

J'ai trouvé sur le blog Médiapart de Brigitte Pascall (merci à elle)
cette retranscription (partielle mais utile et bien ciblée) :

Frédéric Lordon : "On peut envisager de changer l’Europe, de faire un autre euro, un euro qui soit plus social et progressiste à la place de l'euro austéritaire. Mais j'ajoute aussitôt : cette transformation-là est UN RÊVE DE SINGE".
[...]
Frédéric Lordon : La transformation de l'UE est impossible pour un certains nombre de raisons très très profondes. C'est-à-dire passer d'une Europe néo libérale et austéritaire présente à une Europe qui serait sociale et progressiste, sans transition. C'est pourquoi je pense que le retour aux monnaies nationales se fera, de toutes façons, du seul fait qu'émergerait même un projet de transformation de l'Euro. Et pourquoi ? C'est que l'euro actuel est un outil qui a été conçu pour donner toute satisfaction aux marchés financier. Je pourrais vous reprendre le détail des règles de politiques économiques et des agencements institutionnels un par un.

Par conséquent, tout projet de transformation significatif de l'euro ne pourrait avoir pour objet que de soustraire la monnaie européenne à l'empire de la finance et des marchés de capitaux. Ce que voyant, l'empire des marchés de capitaux déchainerait immédiatement une spéculation d'où résulterait l'éclatement de la zone euro et le retour forcé aux monnaies nationales.

Je dis que ce retour aux monnaies nationales n'est PAS normativement parlant une catastrophe, qu'il nous permettrait de recouvrer de nombreux degrés de liberté économique et politique.

L Adler : Vous êtes pour le retour à la souveraineté nationale ?

Frédéric Lordon : Oui absolument, le retour à la souveraineté nationale car je ne vois pas comment on peut contester, plus exactement le retour à la souveraineté populaire, car je ne vois pas comment on peut contester l'idée de souveraineté populaire d'un point de vue de gauche.

Et c'est pas parce que le FN ou les mouvements de droite à la droite de l'UMP ont essayé de capter — et réussi à capter semble-t-il ce thème — qu'il faut se laisser faire pour autant. Car de dépossession en dépossession, nous finirons à poil.

Qu'est ce que c'est que la souveraineté populaire ? La souveraineté populaire c'est la capacité d'une communauté politique à décider collectivement de son propre destin. C'est une idée qui nous a été léguée par les Lumières, par la Révolution Française, et je refuse le stigmate du FN et que l'on nous vole cette idée.

La souveraineté populaire d'ailleurs, c'est un petit peu plus que la souveraineté nationale, et ce serait cela la différence qu'il faudrait marquer entre les deux.

Et de même, pour l'idée de Nation. (Si j'avais su que je serais venu parler de ce thème, je serais venu avec quelques munitions.) Et en particulier avec une définition de la nationalité qui avait été donnée dans l'article 4 de la constitution de 1793, la constitution de Robespierre. C'est une définition de la Nation par la citoyenneté et c'est une définition de la Nation qui est absolument admirable. Car la Nation, si elle est une communauté finie - la souveraineté populaire ne peut s'exercer que dans le périmètre d'un territoire finie (n'en déplaisent au cosmopolitisme car on n'a pas vu encore l'ombre d'une communauté politique mondiale qui n’existe qu'en fantasme) - donc si la Nation lieu d'exercice de la souveraineté populaire est une communauté finie, elle n'est pas pour autant une communauté close. Et rien n'interdit que des étrangers prennent la nationalité française définie comme citoyenneté.

En particulier, tous les travailleurs qui sont actuellement clandestins, qui payent des impôts, leurs cotisations sociales, ces gens-là ont droit à la nationalité française, précisément parce qu’ils s'acquittent de leur devoir de citoyen le plus fondamental qui est celui du consentement fiscal, là où des Bernard Arnaud, des Jérôme Cahuzac, des Depardieu et des Johnny se baladent dans le monde comme dans un self service à passeports pour faire de l'optimisation fiscale.

Et donc voila ma redéfinition de la Nation française. Et celle-là elle ne va pas plaire au FN. B Arnaud, pas Français. Johnny, Cahuzac : pas Français ; mais tous les travailleurs clandestins qui aspirent à payer des impôts, sont français de plein droit."

Frédéric Lordon, sur France Culture, lundi 9 décembre 2013

Pour info, l'article 4 dont parle Frédéric est celui-ci :

De l'état des citoyens

Article 4. - Tout homme né et domicilié en France, âgé de vingt et un ans accomplis ; - Tout étranger âgé de vingt et un ans accomplis, qui, domicilié en France depuis une année - Y vit de son travail - Ou acquiert une propriété - Ou épouse une Française - Ou adopte un enfant - Ou nourrit un vieillard ; - Tout étranger enfin, qui sera jugé par le Corps législatif avoir bien mérité de l'humanité - Est admis à l'exercice des Droits de citoyen français.

Source : http://www.assemblee-nationale.fr/histoire/constitutions/constitution-de-1793-an1.asp

Étienne.



PS : pour mémoire, certains arguments expliqués par Frédéric :

Et si on fermait la Bourse...

C’était il y a un peu plus d’un an : les gouvernements secouraient les banques aux frais du contribuable. Mission accomplie. Mais à quel prix ? L’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) évalue à 11 400 milliards de dollars les sommes mobilisées par ce sauvetage. Soit 1 676 dollars par être humain... Mais la finance n’est pas qu’affaire de banquiers. C’est aussi celle des actionnaires. Une proposition pourrait ne pas leur plaire : fermer la Bourse.

par Frédéric Lordon, février 2010

Pour un peu, le grand spectacle de ces deux dernières années nous l’aurait presque fait oublier : là où la finance « de marché »* (les astérisques renvoient au glossaire), appellation un peu idiote mais il en faut bien une pour faire la différence, semble s’activer dans un univers clos, loin de tout et notamment du reste de l’économie, la finance actionnariale*, celle des propriétaires des moyens de production, campe à l’année sur le dos des entreprises — et, comme toujours, en dernière analyse, des salariés. Il a fallu la « mode du suicide » si délicatement diagnostiquée par M. Didier Lombard, président-directeur général (PDG) de France Télécom, pour offrir l’occasion, mais si peu saisie dans le débat public, de se souvenir de ce dégât quotidien de la finance actionnariale dont les injonctions à la rentabilité financière sont implacablement converties par les organisations en minimisation forcenée des coûts salariaux, destruction méthodique de toute possibilité de revendication collective, intensification épuisante de la productivité et dégradation continue des conditions matérielles, corporelles et psychologiques du travail.

Contre toutes les tentatives de dénégation dont on entend d’ici les accents scandalisés, il faut redire le lien de cause à effet qui mène du pouvoir actionnarial, dont plus rien dans les structures présentes du capitalisme ne retient les extravagantes demandes, à toutes les formes, parfois les plus extrêmes, de la déréliction salariale. Et si les médiations qui séparent les deux bouts de la chaîne font souvent perdre de vue la chaîne même, et ce que les souffrances à l’une des extrémités doivent aux pressions exercées depuis l’autre, si cette distance demeure la meilleure ressource du déni, ou des opportunes disjonctions dont le débat médiatique est coutumier, rien ne peut effacer complètement l’unité d’une « causalité de système » que l’analyse peut très bien dégager (1).

Si donc la refonte complète du jeu de la finance « de marché », réclamée avec d’autant plus de martiale véhémence par les gouvernements qu’ils ont moins l’intention de l’accomplir, occupe le débat public depuis un an, il s’agirait de ne pas oublier que, au moins autant, la finance actionnariale est en attente elle aussi de son « retour de manivelle »... Sous ce rapport il n’y a que le PDG de Libération Laurent Joffrin, joignant la paresse intellectuelle au désir de ne rien rencontrer qui pourrait le contrarier, pour soutenir qu’il n’y a pas d’idées à gauche (2) — sans doute pas dans Libération ni au Parti socialiste en effet (mais on a dit : à gauche). Du vide dans le regard de Laurent Joffrin, on ne conclura donc pas pour autant qu’il n’y a rien. Le SLAM (Shareholder Limited Authorized Margin ou marge actionnariale limite autorisée) est une idée (3). L’abolition de la cotation en continu, et son remplacement par un fixing mensuel ou plurimestriel, en est une autre (4). Vient toutefois un moment où l’on envisage la question autrement : et fermer la Bourse ?

Des chroniques débonnaires du regretté Jean-Pierre Gaillard, longtemps journaliste boursier sur France Info, à l’apparition des chaînes boursières, en passant par l’incessante répétition « CAC 40 - Dow Jones - Nikkei », la Bourse aura bientôt quitté le domaine des institutions sociales pour devenir quasiment un fait de nature — une chose dont la suppression est simplement impensable. Il est vrai que deux décennies et demie de matraquage continu ont bien œuvré à cette sorte de naturalisation, et notamment pour expliquer qu’une économie « moderne » ne saurait concevoir son financement autrement que par des marchés et, parmi eux, des marchés d’actions* (la Bourse au sens strict du terme).

Bien sûr, pour continuer de se dévider, ce discours nécessite de passer sous silence l’ensemble des destructions corrélatives de l’exercice du pouvoir actionnarial ; la simple mise en regard de ses bénéfices économiques supposés et de ses coûts sociaux réels suffirait à faire apparaître tout autrement le bilan de l’institution « Bourse ». Encore faudrait-il questionner la division entre bénéfices économiques et coûts sociaux car les tendances à la compression salariale indéfinie qui suivent de la contrainte de rentabilité actionnariale ne sont pas sans effets macroéconomiques. La sous-consommation chronique qui en résulte a poussé les géniaux stratèges de la finance à proposer aux ménages de « faire l’appoint » avec du crédit, devenu la béquille permanente de la demande manquante — on connaît la suite. Evidemment les bilans sont toujours plus faciles avec une seule colonne qu’avec deux, particulièrement, aurait ajouté l’humoriste Pierre Dac, quand on enlève la mauvaise. Mais vienne la « bonne » à se montrer elle-même défaillante, que peut-il alors rester de l’ensemble ?

Or c’est peu dire que les promesses positives de la Bourse sont douteuses. Sans elle, paraît-il, pas de financement de l’économie, plus de fonds propres pour des entreprises alors vouées à l’insolvabilité, encore moins de développement des start-up annonciatrices des révolutions technologiques ? En avant, dans l’ordre et méthodiquement.


Les investisseurs pompaient,
pompaient !


Sur le papier, le plan d’ensemble ne manquait pas d’allure. Des agents (les épargnants) ont des ressources financières en excès et en quête d’emploi, d’autres (les entreprises) sont à la recherche de capitaux : la Bourse est cette forme institutionnelle idoine qui mettrait tout ce beau monde en contact et réaliserait la rencontre mutuellement avantageuse des capacités de financement des uns et des besoins des autres. Elle ferait même mieux encore : en apportant des ressources permanentes (à la différence de l’endettement, les capitaux propres, levés par émission d’actions, ne sont pas remboursables), elle stabiliserait le financement et en minimiserait le coût. Patatras : rien de tout ça ne tient la route.

La Bourse finance les entreprises ? Au point où on en est, ce sont plutôt les entreprises qui financent la Bourse ! Pour comprendre ce retournement inattendu, il faut ne pas perdre de vue que les flux financiers entre entreprises et « investisseurs » sont à double sens et que si les seconds souscrivent aux émissions des premières, ils ne manquent pas, symétriquement, de leur pomper régulièrement du dividende (en quantité croissante) et surtout du buy-back*, « innovation » caractéristique du capitalisme actionnarial par laquelle les entreprises sont conduites à racheter leurs propres actions pour augmenter mécaniquement le profit par action et, par là, pousser le cours boursier (donc la plus-value des investisseurs) à la hausse.

La cohérence dans l’incohérence du capital actionnarial atteint d’ailleurs des sommets car, imposant des normes de rentabilité financière exorbitantes, il force à abandonner bon nombre de projets industriels, incapables de « passer la barre », laissant les entreprises avec des ressources financières inemployées... aussitôt dénoncées comme « capital oisif », avec prière de le restituer instamment aux « propriétaires légitimes », les actionnaires — « puisqu’ils ne savent pas s’en servir, qu’ils nous le rendent ! ». Dorénavant, ce qui sort des entreprises vers les investisseurs l’emporte sur ce qui fait mouvement en sens inverse... et donnait son sens et sa légitimité à l’institution boursière. Les capitaux levés par les entreprises sont devenus inférieurs aux volumes de cash pompés par les actionnaires, et la contribution nette des marchés d’actions au financement de l’économie est devenue négative (quasi nulle en France, mais colossalement négative aux Etats-Unis, notre modèle à tous (5)).

Il y a de quoi rester interloqué devant pareil constat quand, dans le même temps, les masses financières qui s’investissent sur les marchés boursiers ne cessent de s’accroître. Le paradoxe est en fait assez simple à dénouer : faute de nouvelles émissions d’actions pour les absorber, ces masses ne font que grossir l’activité spéculative sur les marchés dits « secondaires »* (les marchés de revente des actions déjà existantes). Aussi leur déversement constant a-t-il pour effet, non pas de financer des projets industriels nouveaux, mais de nourrir la seule inflation des actifs financiers déjà en circulation. Les cours montent et la Bourse va très bien, merci, mais le financement de l’économie réelle lui devient chose de plus en plus étrangère : le jeu fermé sur lui-même de la spéculation est très suffisant à faire son bonheur et, de fait, les volumes de l’activité dans les marchés secondaires écrasent littéralement ceux des marchés primaires* (les marchés d’émission).

Que la Bourse comme institution de financement, par là différenciée de la Bourse comme institution de spéculation, soit devenue inutile, ce sont les entreprises qui pourraient en parler le mieux. Le problème ne se pose simplement pas pour les petites et moyennes... qui ne sont pas cotées, mais dont on rappellera tout de même qu’elles font l’écrasante majorité de la production et de l’emploi — on répète pour bien marquer le coup : l’écrasante majorité de la production et de l’emploi se passe parfaitement de la Bourse. Plus étonnamment, les grandes entreprises y ont fort peu recours également — sauf quand leur prend l’envie de s’amuser au jeu des fusions et des offres publiques d’achat (OPA). Car lorsqu’il s’agit de trouver du financement, le paradoxe veut que les fleurons du CAC 40 et du Dow Jones aillent le plus souvent voir ailleurs : dans les marchés obligataires, ou bien, par une inavouable persistance dans l’archaïsme... à la banque ! Une succulente ironie veut qu’il y ait là moins l’effet d’une réticence philosophique qu’un effet de plus de la contrainte actionnariale elle-même, qui voit dans toute nouvelle émission l’inconvénient de la dilution, donc de la baisse du bénéfice par action. En somme, le triomphe du pouvoir actionnarial consiste à dissuader les entreprises qui le pourraient le plus de se financer à la Bourse !


D’autres promesses,
d’autres menaces


Ce qui reste de financement brut apporté par la Bourse se fait-il au moins pour les entreprises au coût avantageux promis par tous les discours de la déréglementation ? On sait sans ambiguïté ce que coûte la dette : le taux d’intérêt qu’on doit acquitter chaque année. Le « coût du capital » (ici le coût des fonds propres) est une affaire moins évidente à saisir. Par définition les capitaux propres (levés par émissions d’actions) ne portent pas de taux de rémunération prédéfini comme la dette. Ça ne veut pas dire qu’ils ne coûtent rien ! Mais alors combien ? Très symptomatiquement, la théorie financière ne cesse de s’intéresser au « coût du capital »... mais sous le point de vue exclusif de l’actionnaire (lire « Le coût du capital du point de vue de l’actionnaire ») ! Ceci ne dit rien de ce qu’il en coûte concrètement à l’entreprise de se financer en levant des actions plutôt que des obligations*, ou encore en allant à la banque — et c’est là une question dont la théorie financière, qui révèle ainsi ses points de vue implicites (pour ne pas dire : pour qui elle travaille), se désintéresse presque complètement.

Or ce qu’il en coûte à l’entreprise tient en trois éléments : les dividendes et les buy-backs sont les deux premiers, à quoi il faut ajouter également les coûts d’opportunité liés aux projets d’investissement écartés pour cause de rentabilité insuffisante, c’est-à-dire tous ces profits auxquels l’entreprise a dû renoncer sous l’injonction actionnariale... à ne pas investir.

Tout ceci, qui commence à faire beaucoup, ne se met cependant pas aisément sous la forme d’un « taux » qui pourrait être directement confronté au taux d’intérêt afin d’offrir une comparaison terme à terme des coûts des différentes formes de capital (fonds propres versus dette). Le fait que la dette soit remboursable et non les capitaux propres est une première différence perturbatrice ; inversement, du dividende est payé éternellement sur des actions bien après la fin du cycle de vie de l’investissement qu’elles ont servi à financer ; les actions confèrent en assemblée générale un pouvoir que ne donne pas la dette (et auquel on pourrait assigner une valeur), etc. A défaut de comparaison directe, on peut au moins faire une comparaison différentielle, et observer que l’un des deux coûts, celui des fonds propres, a connu une évolution très croissante : les buy-backs qui étaient inconnus se sont développés dans des proportions considérables ; quant aux dividendes, on peut mesurer leur croissance à la part qu’ils occupent désormais dans le produit intérieur brut, où ils sont passés de 3,2 % à 8,7 % entre 1982 et 2007, et ceci, il faut le redire, du fait même de l’exercice du pouvoir actionnarial, pour qui la déréglementation boursière a été faite... sur la foi d’une baisse du coût de financement des entreprises !

Reprenons : contribution nette négative, et contribution brute hors de prix là où elle avait été promise à coûts sacrifiés... On se demande ce qui reste à la Bourse pour se maintenir dans l’existence — à part les intérêts particuliers du capital financier, il est vrai d’une puissance tout à fait admirable. La réponse est : d’autres menaces et d’autres promesses.

La menace agite le spectre d’une « économie sans fonds propres ». Au premier abord, elle ne manque pas de poids, spécialement en une période où l’on dénonce, non sans raison, la croissance hors de contrôle des dettes privées. Or refuser aux entreprises les bienfaits de la Bourse, n’est-ce pas les renvoyer aux marchés obligataires ou au crédit bancaire, c’est-à-dire à plus de dette encore — et tout le pouvoir aux banquiers, espèce que la crise nous a rendue si sympathique (6) ? Mais une économie sans Bourse n’est pas du tout une économie privée de fonds propres. Trop occupée à vanter ses propres charmes, la Bourse a fini par oublier que l’essentiel des fonds propres ne vient pas d’elle... mais des entreprises elles-mêmes, qui les sécrètent du simple fait de leurs profits, transformés en capital par le jeu de cette opération que les comptables nomment le « report à nouveau » : chaque année le flux de profit dégagé par l’entreprise vient grossir le stock de capital inscrit à son bilan… du moins tant qu’elle ne l’abandonne pas aux actionnaires sous la forme de dividendes.

On dira cependant que l’apport de fonds propres externes (ceux d’actionnaires donc) revêt une importance particulière quand précisément l’entreprise va mal et, par elle-même, ne dégage plus assez de fonds propres internes par profit et « report à nouveau ». Le sauvetage d’entreprises en difficulté ne révèle-t-il pas l’ultime vertu de l’intervention actionnariale, et seules des injections providentielles de capitaux propres ne peuvent-elles pas y pourvoir ? La belle idée : en général, les repreneurs s’y entendent pour mettre au pot le moins possible et pour mener leur petite affaire soit en empochant les subventions publiques, soit en ayant prévu de revendre quelques morceaux de gré à gré, soit en profitant du règlement judiciaire pour restructurer les dettes et larguer du salarié ; et le plus souvent par un joyeux cocktail mélangeant agréablement tous ces bons ingrédients — fort peu actionnariaux.

Comme le cercle commence à se refermer méchamment et que la liste des supposés bienfaits est déjà à l’état de peau de chagrin, on aura bientôt droit au cri désespéré : « Et les start-up ? » Les start-up, la révolution technologique en marche, celle qui nous a donné Internet (juste après que l’armée eut posé les tuyaux et les chercheurs inventé les protocoles...), celle qui enfin nous offrira bientôt des gènes refaits à neuf, comment les ferait-on éclore sans la Bourse ? Bien sûr on a pu se tromper un peu quant à la réalité de ses bienfaits, mais tout sera pardonné quand on aura redécouvert ses véritables, ses irremplaçables prodiges : des promesses d’avenirs radieux.

C’est peut-être dans ce registre prophétique des lendemains technologiques que le discours boursier, par ailleurs si déconsidéré, trouve son ultime redoute — avec parfois l’improbable secours de technologues de gauche, écolos amis de la chimère ayant reçu pour nom « croissance verte », ou enthousiastes du « capitalisme cognitif » (certains, pas tous...) qui nous voient déjà savants et émancipés par le simple empilement des ordinateurs connectés en réseau.

Or il est exact que le financement des start-up semble échapper au système financier classique, et notamment bancaire. Le propre de ces entreprises naissantes tient en effet à la difficulté de sélection qu’elles présentent aux financeurs potentiels du fait même du caractère inédit de leurs paris techniques et de la très grande incertitude qui en découle, faute de références passées auxquelles les comparer. On connaît l’argument : sur dix start-up soutenues, neuf seront d’épouvantables bouillons mais peut-être la dixième une magnifique pépite qui, bien poussée jusqu’à l’introduction en Bourse, décrochera la timbale — comprendre : enrichira ses actionnaires de départ, qu’on nomme, tout ridicule abattu, des business angels (« anges des affaires »), et fera mieux que les réconforter de leurs pertes sur les neuf autres.

Cette économie de la péréquation très particulière, propre aux entreprises technologiques naissantes, rendrait donc « indispensable » la sortie en Bourse et impossible le financement par le crédit : le banquier facturant en gros le même taux d’intérêt aux dix perdrait tout, intérêt et principal, sur neuf et ne gagnerait que ses quelques pour-cent sur la dixième ; bien trop peu pour que l’opération globale ne soit pas très perdante, et par suite définitivement abandonnée.

Il faut reconnaître que l’argument ne manque pas de sens. Il manque juste à être irrésistible. Car il ne faut pas beaucoup d’imagination pour envisager un taux d’intérêt qui soit, non plus fixe, mais défini comme une certaine part des profits, éventuellement révisable (à la hausse) sur les premières étapes du cycle de vie de l’entreprise. Si celle-ci est effectivement un bingo, elle le prouvera par ses bénéfices, et cette péréquation-là réjouira le banquier comme la péréquation boursière avait réjoui le business angel. Creusant un tout petit peu plus cependant, on finira par tomber sur la réalité moins glorieuse des mobiles qui font tenir les discours généraux du financement en capital des start-up et des héros technologiques.

L’introduction en Bourse a pour finalité essentielle... d’enrichir à millions les créateurs d’entreprise et leurs « anges » accompagnateurs. On les croyait mus par l’idée générale du progrès technique, le bien-être matériel de l’humanité et la passion d’entreprendre : ils n’ont le plus souvent pas d’autre idée que de faire fortune aussi vite que possible et de prendre une retraite très avancée — il n’y aurait pas de test plus dévastateur que de voir ce qui, la promesse de fortune boursière retirée, resterait des troupes des vaillants entrepreneurs. Des cohortes boutonneuses de la nouvelle économie, combien n’avaient pour idée fixe que de bricoler au plus vite une petite affaire susceptible d’être revendue et de faire la culbute patrimoniale ?

On fera remarquer que c’est l’essence même du capitalisme que les agents ne s’y activent pas pour des prunes. Sans doute, mais d’une part on pourrait, du coup, nous épargner le gospel entrepreneurial, et d’autre part c’est une chose de désirer s’enrichir de sa création d’entreprise, mais c’en est une autre de ne s’y livrer qu’à la condition (même si elle n’est qu’à l’état d’espoir) de s’enrichir hors de proportion, comme c’est devenu la condition implicite mais sine qua non des créateurs de start-up. Et il est vrai : ce n’est plus la simple rémunération du travail, ou même le revenu tiré du profit d’entreprise qui peut enrichir à cette échelle, mais bien la timbale boursière et elle seule.

Et c’est ici le terminus du discours de la Bourse. La Bourse n’est pas une institution de financement des entreprises — elles n’y vont plus sauf pour s’y faire prendre leur cash-flow* ; elle n’est pas le roc d’une « économie de fonds propres » — pour l’essentiel ceux-ci viennent d’ailleurs : des entreprises elles-mêmes ; elle n’est pas la providence qui sauve les start-up de l’attrition financière — on pourrait très bien agir autrement.Elle est une machine à fabriquer des fortunes. Et c’est tout. Bien sûr, pour ceux qui s’enrichissent, ça n’est pas négligeable. Mais pour tous les autres, ça commence à suffire.


Cupidité déboutonnée

Ainsi, faire la critique de la Bourse conduit immanquablement à retrouver les vraies forces motrices que le galimatias entrepreneurial s’efforce de recouvrir : il n’y est en fait question que d’enrichissement. Non pas que tous les entrepreneurs soient par principe affligés de cette cupidité déboutonnée — ceux qui ont vraiment l’envie de construire quelque chose sont mus par d’autres ressorts et se passent de la fortune patrimoniale pour s’activer (on n’en fera pas des saints pour autant...). Mais seule la Bourse pouvait installer dans le corps social, ou plutôt dans ses parties les plus concernées, ce fantasme, désormais fait mentalité, de la fortune-éclair, légitime récompense des élites économiques, entièrement due à leur génie créateur et sans laquelle on déclarera qu’on veut faire fuir le sel de la terre, tuer la vie entrepreneuriale, peut-être même la vie tout court.

Fermer la Bourse n’a donc pas seulement la vertu de nous débarrasser de la nuisance actionnariale pour un coût économique des plus faibles, mais aussi le sens d’extirper l’idée de la fortune-flash, devenue référence et mobile, cela-va-de-soi pour bien-nés et normalité du « mérite », pour rappeler que l’argent ne se gagne qu’à hauteur des possibilités de la rémunération du travail, ce qui, dans le cas des individus qui nous intéressent, est déjà la plupart du temps largement suffisant. La Bourse comme miroir à la fortune aura été l’opérateur imaginaire, aux effets bien réels, du déplacement des normes de la réussite monétaire, et il n’est pas un ambitieux dont le chemin ne passe par elle — pour les autres, il y a le Loto, et pour plus personne en tout cas, rapporté à cette norme, le travail.

Aussi la Bourse a-t-elle cette remarquable propriété de concentrer en un lieu unique la nocivité économique et la nocivité symbolique, en quoi on devrait voir une raison suffisante d’envisager de lui porter quelques sérieux coups. On ne dit pas que les arguments qui précèdent closent définitivement la discussion de la fermeture de la Bourse, et il y a sûrement encore bien des objections à réfuter pour se convaincre définitivement de joindre le geste à la parole. On ne le dit pas donc, mais on dit seulement qu’au moins il est temps de cesser de s’interdire d’y penser.

Frédéric Lordon
Economiste, auteur de La Crise de trop. Reconstruction d’un monde failli, Fayard, 2009.

Source : http://www.monde-diplomatique.fr/2010/02/LORDON/18789

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(1) La Crise de trop, chapitres IV et V.

(2) « La gauche ne dit rien sur la crise financière », assénait-il encore le 20 septembre 2008 sur France Inter.

(3) Lire « Enfin une mesure contre la démesure de la finance, le SLAM ! », Le Monde diplomatique, février 2007.

(4) Lire « Instabilité boursière : le fléau de la cotation en continu », La pompe à phynance, Les blogs du Diplo, 20 janvier 2010.

(5) Entre 2003 et 2005 la contribution nette des marchés d’actions au financement des entreprises françaises est de l’ordre d’à peine quelques milliards d’euros. Aux Etats-Unis, elle passe de — 40 milliards à — 600 milliards d’euros sur la même période ! Seule la crise financière interrompt (provisoirement) ces mouvements massifs de buy-back (« Rapport annuel de l’Autorité des marchés financiers », Paris, 2007).

(6) Comme souvent, c’est l’occasion de se rendre compte que les transformations radicales se font moins « par parties » que par « blocs de cohérence ». Refaire les structures de la finance nécessite de s’en prendre aux marchés, mais aussi aux structures bancaires. Cf., à ce propos, La Crise de trop, op. cit., chapitre III.


Voyez aussi :


http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2011/04/24/122-la-limpide-synthese-d-un-lordon-atterre-il-faut-arraisonner-la-finance-privee

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2011/10/15/151-frederic-lordon-lbsjs-sept-2011



LA BOURSE EST LE CASINO DES ULTRA-RICHES.

C'est à la Bourse que vont (en pure perte) les milliers de milliards des "QE", produits à nos frais pour les sauver de la ruine.

La Bourse est un fléau pour le peuple, le royaume des accapareurs.

NOUS N'AVONS PAS BESOIN DE L'ARGENT DES RICHES POUR FINANCER L'ÉCONOMIE.

Voir le travail de Bernard FRIOT : • http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2013/06/07/331-passionnant-bernard-friot-explique-l-enjeu-des-retraites-par-repartition-resister-a-la-reforme-capitaliste-et-assumer-cette-autre-definition-de-la-valeur-economique

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2012/04/12/205-bernard-friot-l-enjeu-du-salaire

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2012/04/12/204-passionnant-bernard-friot-distinguer-la-propriete-d-usage-de-la-propriete-lucrative-pour-etendre-la-premiere-et-interdire-la-seconde

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2012/02/06/190-guerre-des-salaires-il-faut-aider-le-soldat-friot

 

 

http://etienne.chouard.free.fr/Europe/forum/index.php?2013%2F12%2F09%2F357-frederic-lordon-prone-la-suppression-de-la-bourse-conchie-l-union-europeenne-et-l-euro-defend-la-nation-la-souverainete-populaire-et-leurs-institutions

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10 décembre 2013 2 10 /12 /décembre /2013 02:21

 

 

 

Au sommaire de cette édition du 9 décembre 2013 :

 

- Classement PISA : les cancres d’hier étant devenus profs, le niveau des élèves s’effondre
- Face à la répression de la Manif pour Tous, la résistance s’organise sur le plan judiciaire et marque des points
- Entretien avec Julien Theil : le journalisme libre et indépendant existe mais il faut le financer
- Rencontre entre Vladimir Poutine et le Pape François : unis, les chrétiens peuvent lutter contre un monde unipolaire
- L’Ukraine face aux tentatives de déstabilisation : témoignage en direct de Kiew, de Laurent Ozon
- Le trouble jeu de la France en Centre-Afrique : n’est-elle plus qu’une simple compagnie de CRS de l’Oncle Sam ?
- À l’occasion des Mondiaux 2014 de hockey, venez découvrir la Biélorussie 7ème salon des Beaux-Arts à Moscou : plus d’une centaine d’exposants et d’artistes venus de toute l’Europe.
- L’émission A bâton rompu reçoit l’écrivain Hélène Richard Favre, pour aborder la question des nouvelles guerres de religion.

 

 

Pour visionner la vidéo cliquer sur le lien ci-dessous : 

http://www.egaliteetreconciliation.fr/Journal-hebdomadaire-de-La-Voix-de-la-Russie-21868.html

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 21:11

 

les bureaucrates de l union européenne ne payent pas d'impôts sur leur revenu. démocratie ? égalité ? on rêve

 

 


 

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 21:04

 

Et après ils nous laissent entendre que tout va bien, ben voyons! Il ne faut pas inquiéter les populations, ni même le business du nucléaire français qui est encore très présent puisque le pays espère vendre deux nouvelles tranches de son EPR à la Chine! Quand aux déclarations de Tepco sur les risques pour son équipe, comment y croire?

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Les niveaux de rayonnement à l’extérieur de la zone de la centrale nucléaire japonaise sinistrée de Fukushima ont tellement augmenté qu’elles peuvent tuer une personne en 20 minutes.

L’info à été rapportée  par le site australien news.com.au citant un médias japonais. L’opérateur de la centrale, Tepco, a mesure à huit points différents situés autour d’un tuyau d’acier reliant les bâtiments des réacteurs avec tuyau d’évacuation de 120 mètres de haut situés à l’extérieur et qui sert à empêcher l’échauffement des barres de combustible nucléaire. Le rayonnement mesuré à huit points autour de la conduite montrent que les deux taux les plus élevés atteignent entre 15 et 25 sieverts par heure.

C’est le plus haut niveau de rayonnement jamais enregistré. Plus tôt, Tepco n’a signalé que 10 sieverts par heure dans le pipeline. Aujourd’hui, un total de 400 tonnes d’eau radioactive sont produites pendant le nettoyage sur le site chaque jours et vont dans l’océan Pacifique.

 

Des ingénieurs ont admis à plusieurs reprises la défaillance du système de purification de l’eau radioactive utilisée dans l’usine.

La société a commencé il ya deux semaines le retrait des barres de combustible d’uranium et de plutonium de la piscine où ils sont conservés à basse température, un processus qui durera environ un an, ce qui est une des phases initiales de la mise hors service de la centrale. Au même moment, Tepco explique avoir tout préparé pour minimiser les risques pour son équipe qui effectuera la mission sans aucun contrôle externe.

Source: actualidad.rt.com

Traduction: Les moutons enragés
Après avoir lu cela, comment être optimiste pour la suite pour l’ensemble des japonais? Il n’y a pas que leur économie qui soit devenue apocalyptique à première vue…
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Incoming search terms:

  • fukushima 9 decembre 2013

 

 

 

http://lesmoutonsenrages.fr/2013/12/09/le-niveau-de-rayonnement-proche-de-fukushima-a-atteint-un-niveau-qui-tue-en-20-minutes/

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9 décembre 2013 1 09 /12 /décembre /2013 19:21

 

Entretien exclusif | Le journaliste qui fait trembler les Etats-Unis détient les documents qu'Edward Snowden a emportés en quittant la NSA. Il a accepté de nous parler.

Le 05/12/2013 à 10h37
Propos recueillis par Olivier Tesquet, envoyé spécial au Brésil

 Glenn Greenwald. © Ludovic Carème pour...

Glenn Greenwald. © Ludovic Carème pour Télérama

Version longue de l'entretien publié mercredi 4 décembre 2013 dans Télérama.
>>english version

Depuis cinq mois, perché sur les hauteurs de Rio de Janeiro, Glenn Greenwald, 46 ans, publie chaque jour sa dose de révélations sulfureuses. L'ancien avocat, ex-blogueur reconverti dans le journalisme de combat au Guardian, est devenu une superstar médiatique. Nourri par Edward Snowden, un ancien analyste de la National Security Agency, il révèle au monde entier l'ampleur de la surveillance à laquelle se livre la plus secrète des agences de renseignement américaines.

Les grands journaux (Le Monde, Der Spiegel, El País, The New York Times…) exploitent sans relâche ses documents ; l'Etat américain, lui, aimerait bien remettre la main dessus.

En tongs et short de bain au bar d'un grand hôtel de São Conrado, un quartier chic de sa ville d'adoption, le journaliste explique pourquoi et comment il est devenu l'aiguillon du scandale, en même temps que sa caisse de résonance. Entre deux calamars frits et un cabernet sauvignon commandés dans un portugais impeccable, il nous raconte les coulisses du plus gros scoop de l'année… et comment il a failli passer à côté.

Hyperactif, volubile, volontiers vitupérant, Glenn Greenwald égratigne les dérives sécuritaires des Etats-Unis en même temps que les « pratiques toxiques » d'une presse qu'il voudrait dynamiter, et révolutionner. Mis au ban de son propre pays, il refuse d'abdiquer. Après plusieurs semaines de pourparlers, l'ennemi numéro un et demi de l'administration Obama a accepté de nous rencontrer.

Est-ce que vous avez peur ?
J’ai conscience des risques, y compris physiques : je suis en possession de milliers de documents secrets, qui dérangent la moitié des agences de renseignement de la planète. Comme il s’agit de la plus grosse fuite de l’histoire de l’espionnage américain, le gouvernement a l’impression d’avoir perdu tout contrôle, d’avoir été attaqué dans sa légitimité, et la pression est immense pour qu’une tête soit placée sur une pique.

Puisque Edward Snowden est réfugié en Russie, je suis le deuxième sur la liste [dans une récente interview au Washington Post, Eric Holder, le secrétaire à la Justice américain, a réfuté toute velléité de l’administration de poursuivre Greenwald].

Les autorités américaines essaient-elles de vous intimider ?
Et bien, la police britannique a interpellé mon compagnon à l’aéroport d’Heathrow, l’a gardé enfermé pendant neuf heures au nom d’une loi antiterroriste, en le menaçant de poursuites. Le jour suivant, le gouvernement américain a indiqué anonymement dans une dépêche de Reuters qu’il s’agissait « d’envoyer un message ». N’est ce pas de l’intimidation ?

Les autorités américaines essaient de faire passer du journalisme pour de l’espionnage en tordant la réalité : Keith Alexander, général 4 étoiles qui dirige la NSA, a même déclaré que nous « vendions ces documents », un crime passible de la prison à perpétuité.

“Je refuse d’être excommunié
pour avoir simplement pratiqué
mon métier de journaliste.”

Vous pensez pouvoir retourner aux Etats-Unis ?
La situation est ironique : j’ai déménagé au Brésil il y a huit ans parce que la loi américaine empêchait mon compagnon [brésilien, ndlr] de vivre aux Etats-Unis, et maintenant, c’est à mon tour de ne plus pouvoir y retourner. Mais je refuse d’être excommunié pour avoir simplement pratiqué mon métier de journaliste.

Heureusement, le Brésil est extrêmement bienveillant à mon égard. Le gouvernement de Dilma Roussef a publiquement affirmé qu’il me défendrait face au gouvernement américain, et le Sénat, qui m’a auditionné, a voté en faveur d’une protection policière à mon domicile. Dans la rue, les gens m’apostrophent et me remercient, notamment depuis que je suis apparu dans Fantastico, l’émission-phare de Globo.

Quelles sont les conséquences concrètes de ces pressions dans votre vie quotidienne ?
Je sais que je suis constamment sous surveillance électronique. Je ne parle jamais de sujets sensibles au téléphone, et j’utilise uniquement des formes sophistiquées de chiffrement. Certains amis ne veulent plus m’envoyer d’e-mails, les gens qui me rendent visite se demandent s’ils doivent emmener un ordinateur, et quand ils le font, ils effacent l’intégralité de leur disque dur avant de repartir, au cas où leur matériel serait saisi.

Récemment, j’ai participé à un tournoi de tennis, et tout le monde blaguait en disant qu’il ne fallait pas jouer en double avec moi. Même si c’était de l’humour, cela prouve à quel point la peur d’être associé à moi infiltre les esprits.

Parfois, vous aspirez à un retour au calme ?
J’aimerais bien retrouver une routine (rires). Je continue d’espérer que ma vie revienne à la normale. A chaque fois que j’ai l’impression de voir le bout du tunnel, l’horizon s’obscurcit de nouveau. Je vis avec, parce que je pense que la normalité n’est pas une valeur cardinale, mais en tant qu’être humain, c’est difficile de conserver un équilibre, même précaire.

J’essaie de m’assurer que ma santé physique et mentale sont intactes, de me convaincre que je suis entouré, de trouver d’autres centres d’intérêt pour me motiver. Je ne dors jamais plus de quatre à cinq heures par nuit, ce qui n’est pas sain. J’essaie de m’imposer un peu d’exercice, j’ai repris le yoga, je m’occupe de mes chiens, je passe du temps avec mon compagnon, nous essayons parfois de partir en week-end…

“Dans ma situation,
on ne doit pas
céder à la paranoïa.”

Vous pensez que nous sommes surveillés à cet instant précis ?
Je croise toujours des individus louches. Parfois, ils sont juste bizarres, à d’autres moments ils sont sans doute en train de me surveiller. Quand vous êtes dans ma situation, vous devez faire le choix de ne pas céder à la paranoïa. C’est contraignant de ne pas pouvoir mener une conversation librement, mais je ne peux rien y faire. Quand je suis dans ma voiture, dans ma maison, je sais qu’il y a une forte probabilité que mon intimité n’existe pas.

Pourquoi Edward Snowden vous a-t-il choisi ? Comment votre collaboration s’est-elle mise en place ?
En décembre 2012, il m’a envoyé un e-mail aux contours très vagues. Il me demandait simplement d’installer ce logiciel de chiffrement pour pouvoir communiquer de manière confidentielle. Je lui ai répondu que j’allais le faire, sans donner suite. Vous savez, il y a un Edward Snowden sur un million de personnes. 99% du temps, on me contacte pour me proposer des histoires inintéressantes, et je n’ai pas pensé qu’il en valait la peine. Il était extrêmement discret, et rétrospectivement, c’est l’adjectif qui le décrit le mieux.

Mais il a persévéré. Il m’a envoyé un guide qui détaillait étape par étape le processus d’installation, puis une vidéo explicative, qui m’expliquait clic par clic ce que je devais faire. Comme je ne réagissais toujours pas, il a commencé à se sentir frustré. Je le comprends. Comment confier à un type les documents les plus explosifs de l’histoire de la NSA s’il n’est même pas capable d’installer un logiciel pour les récupérer ? A ce moment, il a contacté Laura Poitras [une réalisatrice de documentaires basée à Berlin et spécialisée dans ces questions, ndlr], qui lui a conseillé de travailler avec… moi.

Après avoir passé dix ans dans les prétoires à défendre les libertés civiles, j’avais commencé à m’intéresser au virage radical de la politique américaine après le 11-Septembre, en ouvrant un blog, Unclaimed Territory, en octobre 2005. Snowden cherchait quelqu’un d’agressif, connaissant ces dossiers, qui ne se laisserait pas intimider par les pressions. Il avait très peur d’aller voir le New York Times ou le Washington Post, en risquant sa liberté, en mettant sa vie en jeu, pour que l’histoire soit finalement enterrée sous la pression du gouvernement, comme c’est souvent arrivé ces dernières années. Il voulait s’assurer que tous les documents seraient publiés.

Vous avez donc fini par installer ce fameux logiciel…
Laura m’a aidé à me mettre à niveau technologiquement, et j’ai pu parler à Snowden vers la mi-mai. Il était déjà à Hongkong, ce qui nous a beaucoup intrigués. Il insistait pour que nous le rejoignions là-bas, et il m’a envoyé deux douzaines de documents, impressionnants. Le lendemain, je sautais dans un avion pour New York afin de rencontrer les rédacteurs en chef du Guardian, et dans la foulée, je partais à Hongkong.

“Snowden m’a confié
qu’il avait peur de
l’indifférence générale.”

Quel regard portez-vous sur la réaction du public ?
Au tout début de notre collaboration, Snowden m’a confié qu’il avait peur de l’indifférence générale. Or, cette affaire est allée bien au-delà de nos attentes, elle a ouvert de multiples brèches, politiquement, diplomatiquement. La réaction des gouvernements le prouve, ces révélations ont été prises très au sérieux.

Contrairement à ce qu’on entend de plus en plus, les citoyens ont redécouvert la notion de vie privée, même ceux qui claironnent qu’ils n’ont rien à cacher. Ils protègent leurs comptes sur des réseaux sociaux avec des mots de passe, ils mettent des serrures sur leurs portes, et réagissent quand ils s’aperçoivent que leurs moindres faits et gestes peuvent être surveillés.

Il y a six mois, 5% des e-mails que je reçois étaient accompagnés d’une clé PGP. Aujourd’hui, 60% d’entre eux sont chiffrés ; de plus en plus de médias, comme Forbes ou le New Yorker, déploient des plateformes sécurisées ; les consciences se réveillent et je pense que de nouveaux outils vont apparaître, afin de rendre à tout un chacun la possibilité de communiquer en privé sans que l’Etat n’interfère.

Vous reste-t-il beaucoup de documents à publier ?
La majorité. Nous en parlons régulièrement avec Snowden par l’intermédiaire d’un chat sécurisé. Je ne peux pas dire que le pire est à venir – les gens s’habituent à ces révélations – mais il y a plusieurs documents sur ce que collecte la NSA et sur la façon dont ils le font qui vont choquer. Je suis assis sur une montagne de documents, et chacun d’entre eux est digne d’intérêt.

J’ai été contacté par des journalistes du monde entier, qui veulent travailler avec moi sur les dossiers qui concernent leur pays. Légalement, je ne peux pas me contenter de leur donner ce qui les intéresse, parce que je me transformerais en source. Je peux seulement être un journaliste, alors je dois contribuer à leurs enquêtes, co-signer leurs articles. C’est extrêmement chronophage mais je ressens de la culpabilité à ne pas pouvoir travailler plus vite. J’ai d’ailleurs embauché un assistant.

Le soldat Manning a été condamné à trente-cinq ans de prison pour avoir fourni des documents à WikiLeaks. Est-ce que vous pensez qu’il est encore possible de protéger une source à 100% ?
Le gouvernement américain est capable d’intercepter la moindre communication, de savoir qui parle avec qui, à quelle fréquence, par quel moyen. Aujourd’hui, il est presque impossible pour une source de contacter un journaliste sans être détecté.

Quand nous avons commencé à publier les premières révélations, un journaliste du Guardian, qui a travaillé à Washington pendant plusieurs années, nous a dit qu’il n’arrivait plus à joindre qui que ce soit au téléphone. Ses interlocuteurs ne voulaient pas que leurs métadonnées puissent être rattachées au Guardian. Pour toutes ces raisons, la surveillance a complètement dévoyé le processus de collecte de l’information, et c’est un dommage collatéral extrêmement puissant.

“Le courage est contagieux,
et les whistleblowers
inspirent des vocations.”

D’autant plus que l’administration Obama poursuit les lanceurs d’alerte, les whistleblowers , avec une sévérité sans précédent. Vous n’avez pas peur que les candidats au sacrifice viennent à manquer ?
Quand vous créez une situation dans laquelle un whistleblower n’a d’autre issue que celle de finir sa vie en prison, c’est dissuasif. Pourtant, Snowden a été le témoin de ce qui est arrivé à Manning, et ça ne l’a pas arrêté. Le courage est contagieux [c'est aussi la devise de WikiLeaks, ndlr], et les whistleblowers inspirent des vocations.

C’est un processus contre lequel le gouvernement ne peut rien. D’une certaine façon, leur brutalité ne fera qu’empirer les choses. Plus l’Etat montre à quel point il est abusif, plus des citoyens penseront qu’il a besoin d’être défié. A Hongkong, avec la documentariste Laura Poitras, nous voulions faire honneur au courage de Snowden en travaillant dans le même esprit. Avant de se lancer, les journalistes du Guardian ont réagi comme une institution traditionnelle, en analysant les risques. Puis ils ont été « contaminés » à leur tour.

L’affaire Snowden vous a fait une sacrée publicité…
Dès le début, nous avons décidé que je serai celui qui engage le débat public et passe à la télévision. Laura déteste ça. Quant à Snowden, non seulement il refusait d’attirer l’attention sur lui, mais nous étions persuadés qu’il allait rapidement être rattrapé par la justice américaine. Quand il a disparu fin juin, nous avons vraiment cru que nous allions le retrouver dans une salle d’audience, les menottes aux poignets.

Je sais qu’Edward est satisfait de la façon dont j’ai rempli mes engagements vis-à-vis de lui, et c’est tout ce qui m’intéresse. J’aurais pu publier un ou deux articles, tourner les talons, remporter des prix et signer un contrat avec un éditeur. Ça aurait aidé ma carrière. Mais j’ai choisi de travailler avec des médias du monde entier, et j’ai été très clair sur le fait que je compte bien publier ces documents jusqu’au dernier.

“Snowden est quelqu’un
que j’admire beaucoup.
Je m’inquiète de son sort.”

Est-ce qu’aujourd’hui, vous considérez encore Snowden comme une source, ou est-il devenu plus que ça ?
Il est une source, évidemment, mais il est aussi quelqu’un que j’admire beaucoup. Il est héroïque ! Avec Laura et lui, nous avons vécu l’expérience de toute une vie, et je me sens lié à lui en tant qu’être humain. Je m’inquiète de son sort, et je ne vais pas mentir en disant qu’il ne s’agit que d’une source. Il y a des implications légales à parler d’amitié, mais nous avons une relation importante à mes yeux, fondée sur l’admiration.

 

Glenn Greenwald. © Ludovic Carème pour Té

Glenn Greenwald. © Ludovic Carème pour Télérama


Vous avez été avocat, blogueur… Vous considérez-vous aujourd’hui comme un journaliste ?

Bien sûr ! Etre journaliste, pour moi, consiste à tenir pour responsables les puissants en révélant au public ce qu’ils planifient dans l’ombre. En tant qu’ancien avocat, je pense que la loi et le journalisme ont beaucoup de choses en commun. Pour certains médias, je reste un blogueur. Je pouvais le comprendre quand j’ai commencé à écrire, seul, sans faire partie d’aucune organisation, mais aujourd’hui, c’est surtout un moyen de discréditer mon travail en me tenant à l’écart d’un sérail dont je n’ai jamais fait partie.

Vous avez été mal reçu ?
Les journalistes regardent les scoops comme une valeur boursière, donc je suis devenu important à leurs yeux. Mais je ne me suis fait pas de nouveaux amis pour autant. Beaucoup de journalistes de Washington sont des lâches. Ils agitent les bras en répétant à quel point les fuites sont dangereuses.

Bob Woodward [l’un des deux journalistes qui a révélé l’affaire du Watergate, ndlr] est devenu l’un des plus riches, si ce n’est le plus riche journaliste du monde en publiant des livres contenant toutes sortes d’informations classifiées. Mais personne ne trouve rien à y redire parce que ses sources sont des officiels de haut rang qui protègent les intérêts américains. Ces journalistes ne pensent pas que les fuites sont intrinsèquement mauvaises, ils pensent qu’elles le sont si elles nuisent au gouvernement.

Vous pensez qu’il est impossible de bien faire son métier dans un grand média ?
C’est possible, si vous êtes capable de le faire en dépit de l’institution et non grâce à elle. Prenez l’exemple de James Risen. Son article le plus notable de la décennie révélait que l’administration Bush espionnait sa propre population sans mandat. Il lui a valu un Pulitzer. Pourtant, il lui a fallu quatorze mois pour réussir à le publier, à cause du veto de la Maison-Blanche, que le New York Times n’a pas contesté. Il a obtenu gain de cause parce qu’il a signé un contrat avec un éditeur, or son journal n’avait pas envie que son propre journaliste lui pique un scoop.

Si Risen a été capable de faire ce que j’appelle du journalisme antagonique, c’est contre son propre employeur. Ces pratiques vantées par de gros médias américains, comme l’idée que vous n’avez pas le droit d’exprimer votre opinion dans vos articles, ou que certains articles ne doivent pas être publiés pour des raisons de sécurité, sont en réalité assez nouvelles. Le journalisme le plus remarquable de l’histoire américaine a été incarné par des personnes aux convictions affirmées.

Vous avez écrit que « le journalisme est une forme d’activisme ». Vous voulez dire que le mythe de l’objectivité est synonyme de mauvais journalisme ?
C’est malhonnête de prétendre au lecteur qu’il existe une forme de machine mathématiquement équilibrée, presque inhumaine, capable de dire la vérité sans qu’aucune considération subjective n’entre dans l’équation. C’est si pompeux. Si vous étudiez chaque choix journalistique, qui vous citez, qui a droit aux premières lignes, qui est enfoui au bas de l’article, quelle actualité mérite qu’on s’y arrête, qui vous choisissez de croire, tous sont enracinés dans la subjectivité. Prétendre le contraire est totalement illusoire.

“J’ai des convictions profondes,
je pense qu’un gouvernement
n’a pas tous les droits.”

Où vous situez-vous politiquement ?
On m’accuse d’être socialiste ou libertarien, mais beaucoup de gens pensent aussi que je suis de droite. Bill Keller, l’ancien rédacteur en chef du New York Times, m’a comparé simultanément à Lénine et au Tea Party ! J’ai des convictions profondes, je pense qu’un gouvernement n’a pas tous les droits. Je suis choqué que mon pays – devenu une nation militariste – utilise la violence et outrepasse les lois internationales pour atteindre ses objectifs.

Pour autant, je refuse toute étiquette parce qu’il serait trop facile de discréditer mon activité. Les gens se diraient « Il est Républicain, alors… » ou « Il est Démocrate, alors… ». D’ailleurs, j’ai reçu des soutiens dans chaque rang du Congrès, publiquement ou en privé.

Malgré tout, certains politiciens vous considèrent comme un « traître»…
C'est une tactique traditionnelle, ce n'est pas l'apanage du gouvernement américain. Quand vous attaquez les intérêts de ceux qui sont au pouvoir, vous êtes automatiquement accusé de faire du mal à votre pays. Dans la culture politique américaine récente, le gouvernement a l'habitude de criminaliser les journalistes, mais ce qui est impressionnant, c'est que le gouvernement n'est plus en pointe dans ces campagnes de dénigrement : ce sont des journalistes, ou ce que certains appellent des éditorialistes. C'est une victoire propagandiste extraordinaire pour un gouvernement de conditionner ses journalistes pour qu'ils attaquent ceux qui veulent rendre le monde plus transparent.

C’est parce que vous n’avez pas foi en l’institution que vous avez quitté le Guardian et décidé de vous lancer dans ce projet de site d’information avec Pierre Omidyar, le fondateur d’eBay, qui a investi 250 millions de dollars ?
Il faut bâtir sa propre institution. A Hongkong, j’avais songé à quitter le Guardian pour créer une organisation avec Laura Poitras et Jeremy Scahill [un journaliste américain qui a notamment écrit un livre explosif sur la société militaire privée Blackwater, ndlr].

J'avais peur qu'en cas de poursuites contre le Guardian, cela interfère avec le processus journalistique, et qu'une action en justice leur prenne énormément de temps et de ressources [le 4 décembre, Alan Rusbridger, le rédacteur en chef du quotidien britannique, a affirmé devant une commission d'enquête du Parlement qu'« [il] ne se laisserai[t] pas intimider », ndlr].

Nous voulions donc notre propre site, et nous songions déjà à nous adjoindre les services de personnes en accord avec nos méthodes de travail : des fact-checkers bénévoles ou des avocats acceptant de travailler pro bono. Nous cherchions des investisseurs, quand, à la fin du mois de septembre, Omidyar m’a appelé au téléphone. Quand il m’a exposé son plan, je lui ai répondu : « J’ai l’impression que vous m’avez piqué mon idée ». A peine avions-nous raccroché que nous étions déjà en train de bâtir l’équipe.

Depuis, nous avons recruté une douzaine de personnes, dont trois travaillent à Rio avec moi. Nous ne cherchons pas uniquement des journalistes d’investigation spécialisés dans la sécurité nationale et les libertés publiques, nous allons également couvrir l’économie, l’écologie ou le sport, et ce qui compte, c’est la philosophie de travail. Je ne peux pas encore vous donner le nom du site ou sa date de lancement, mais ça ne devrait pas tarder… C’est drôle, Pierre et moi ne nous sommes encore jamais retrouvés dans la même pièce.

 

 

 

http://www.telerama.fr/medias/glen-greenwald-je-suis-assis-sur-une-montagne-de-documents-chacun-d-entre-eux-est-digne-d-interet,105923.php

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8 décembre 2013 7 08 /12 /décembre /2013 16:15

 

 

 

 

Sotheby’s mettra aux enchères, dans quelques semaines, un brouillon du discours lu par le roi George VI pour annoncer l’entrée du Royaume-Uni dans la Seconde Guerre mondiale.

 

Le document est daté du 25 août 1939, soit une semaine avant que le IIIe Reich n’envahisse la Pologne.

Il apparaît donc que, contrairement à la version officielle, le Royaume-Uni n’est pas entré en guerre en raison de l’invasion de la Pologne, qui n’a fourni qu’un prétexte, mais pour d’autres motifs.

 

 

It’s too long-winded ! What George VI’s adviser thought of early draft of the King’s Speech”, par William Turvill, Daily Mail, 24 novembre 2013.

Réseau Voltaire

Voltaire, édition internationale

 

 

 

Pour visionner le document cliquer sur le lien ci-dessous :

 

http://www.voltairenet.org/article181398.html

 

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