Soumis par Veille Internautes le lun, 2014-04-21 15:12
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http://blog.laruchequiditoui.fr/qui-tire-les-ficelles-du-bio-les-secrets...
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Date:
21/04/2014
J’suis la Mangouste, détective privé. Mes tarifs ne sont pas tout-public : j’suis le meilleur alors j’vais pas m’en priver. Ma dernière enquête m’avait mené jusqu’à Bruxelles
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, où j’avais découvert que l’cahier des charges de l’agriculture biologique était rédigé au sein de la commission européenne. Mais chemin faisant j’avais levé un lièvre à l’air louche : en France, la certification bio serait décernée aux agriculteurs par des entreprises à buts lucratifs… Derrière l’AB se cacherait-il un business pas très catholique ? Les petits gars de La Ruche qui dit Oui ! m’ont dit de poursuivre mon enquête dans cette voie. J’ai annoncé la couleur : « Ça va vous coûter bézef ». Ils ont répondu : « On allongera tout le blé qu’il faut, en petits grains. » Marché conclu. Je ré-ouvrais le dossier.
En ce qui concerne le bio, les administrations sont plus emmêlées qu’un plat de spaghettis ; parait que c’est une spécialité française (les administrations emmêlées, pas les spaghettis). Alors j’vais essayer d’vous présenter le topo de but-en-blanc, sans fioritures. Les organismes certificateurs sont bel et bien des entreprises privées dont le métier est de vérifier que les agriculteurs bios appliquent le règlement européen
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, à l’exception de Certipaq, structuré en association. Mais pour avoir le droit d’exercer ce métier, ces entreprises ont besoin de deux autorisations : l’une vient du COFRAC (organisme français d’accréditation), l’autre de l’INAO (institut national de l’origine et de la qualité, partie du Ministère de l’agriculture). Encore deux noms cryptiques qui ne m’ont pas résisté longtemps…
Le COFRAC et l’INAO contrôlent les organismes certificateurs et s’assurent qu’ils travaillent selon les bonnes méthodes, en toute indépendance. On est plus sûr avec deux vérifications qu’avec une seule : c’est toujours ce que m’dit mon cardiologue. A la différence près que le COFRAC accompagne parfois les organismes certificateurs sur le terrain, et contrôlent… leur façon de contrôler les agriculteurs.
Et y’a pas à tortiller : ils sont contrôlés, ces agriculteurs. Une fois par an minimum, plus un contrôle inopiné, c’est le minimum obligatoire. Ces contrôles sont toujours en deux parties. D’abord, on épluche la paperasse, on vérifie les factures et le détail des semences utilisées. Ça, c’est l’aspect administratif. Ensuite, on se rend dans les champs et on observe, on tâte les tomates, on malaxe la terre comme des sioux. En cas de doutes, l’organisme certificateur peut faire un prélèvement et l’envoyer au laboratoire pour faire une analyse chimique. Ces analyses ne sont pas systématiques : on en fait une fois sur dix environ, en fonction du risque évalué.
Et si le contrôle n’est pas satisfaisant ? Par exemple, s’il s’avère qu’un sol prétendument bio est contaminé par des pesticides ? Illico, l’agriculteur est « déclassé », c’est à dire qu’il perd temporairement son label (jusqu’au prochain contrôle au moins). Chez Ecocert, le plus grand organisme certificateur de France (75% du marché), on déclasse chaque année presque 10% des agriculteurs. Bref, ça sabre. Toujours chez Ecocert, les statistiques montrent cependant que les fraudes intentionnelles sont très rares : on en recense moins de 0,5% par ans. Dans ce cas, la perte du label est définitive… Et peu importe sa conclusion, le contrôle reste payant ! Tant mieux d’ailleurs, sinon l’appât du gain pousserait les organismes certificateurs à fermer les yeux sur les non-conformités passagères… D’ailleurs tant qu’on parle d’argent, combien ça coûte de se faire certifier ? Tout dépend de la taille de l’exploitation. Sur cette question, tous les organismes certificateurs s’alignent plus ou moins. Chez Ecocert par exemple, la certification coûtera au minimum 350€ par an (c’est le prix que payerait un petit maraîcher cultivant trois hectares), et au maximum 800€ (jamais plus). En moyenne, la certification bio coûte 0,5% du prix d’un produit fini, soit 4 centimes pour un scotch que mon barman me vend 8€.
Eh oui, les organismes certificateurs ne sont pas des associations caritatives, mais bien des entreprises privées. D’ailleurs, si ces entreprises ne font qu’appliquer un règlement européen, comment font elles pour se distinguer les unes des autres ? La différenciation se fait sur des questions périphériques au label lui même : la notoriété, la rapidité de traitement des dossiers, l’accompagnement proposé, le réseau déjà constitué et tout l’barouf. De plus, les organismes certificateurs ne sont pas entièrement passifs vis à vis du cahier des charges qu’ils tâchent de faire appliquer. En tant qu’experts, ils font parti de la commission nationale pour l’Agriculture Biologique : leurs propositions peuvent ensuite remonter jusqu’à la commission européenne. Pour les cahiers des charges qui ne relèvent pas de l’agriculture, par exemple pour les cosmétiques ou pour le textile, les organismes certificateurs peuvent directement s’en faire les rédacteurs : en France, Ecocert est l’un des rares à s’investir dans ce genre de projets. Ces cahiers des charges sont élaborés en partenariat avec des représentants des filières, des représentants des consommateurs, des institutionnels et des scientifiques, l’objectif étant de faire quelque chose d’exigeant et de réaliste ; enfin, ils sont protégés au titre de la propriété intellectuelle.
Voilà, j’ai balancé tout ce que je savais… Si ce dossier est publié, j’doute pas du fait qu’il enchantera les scolaires qui doivent faire un exposé sur la question. Mais pour ma part j’en ai trop dit. J’vais me mettre au vert, et pas de whisky pour une fois. Et qui sait, peut-être que je sortirai le bout de ma truffe d’ici quelques années, accompagné d’une mangoustine et de p’tits mangoustaux…
Hasta pronto, amigos.
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et pour découvrir la Ruche qui dit Oui ! c’est par ICI
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Merci à Julie Basdevant, responsable communication du groupe Ecocert, pour avoir fourni toutes les données nécessaires à la rédaction de cet article.
Source:
Blog.laruchequiditoui.fr
thème principal:
Thème:
#consommation #multinationales
Mots Clé:
#multinationale #transnationale
Types de contenu:
donal maccormack
10 janvier 2014 • 19:40
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