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Anne Lauvergeon, qui connaît un peu la question, avait cru pouvoir déclarer la semaine dernière à Paris, lors du lancement du grand Concours mondial de l’innovation, grandiose montagne dont on espère qu’elle n’accouchera pas d’une souris, qu’elle ne jugeait pas réaliste l’objectif officiel de réduire de 75 à 50 % d’ici à 2025 la part du nucléaire dans la production d’énergie française, et qu’elle ne croyait pas à la volonté de l’État dans ce domaine.

Pour avoir dit la vérité, l’ancienne patronne d’AREVA n’avait pas été exécutée, mais elle s’est fait sérieusement taper sur les doigts et remettre à sa place par l’Élysée et le ministre de l’Environnement : les engagements pris par le chef de l’État seront respectés. Il est vrai que ce n’était ni le lieu ni le moment de déterrer la hache de guerre avec les Verts.

Autres cieux, autre discours. Vérité à Paris, erreur à Taishan. Au troisième jour de sa visite officielle en Chine, loin de Notre-Dame-des-Landes, entouré d’une ribambelle de ministres parmi lesquels ne figurait pas Cécile Duflot, Jean-Marc Ayrault, sur le site de construction de deux réacteurs EPR, a vanté le savoir-faire français en la matière et plus généralement « le nucléaire filière d’avenir ». Il est vrai qu’étaient en jeu là-bas la réalisation in situ de deux autres réacteurs et, au-delà, le développement de la coopération franco-chinoise dans le cadre de l’énorme marché britannique puisque David Cameron a décidé de relancer le nucléaire civil outre-Manche. Une grande aventure industrielle commune faite pour durer aussi longtemps (donc aussi peu de temps) que les Chinois ne seront pas à même de se passer de notre technologie.

Confirmant implicitement les propos iconoclastes d’Anne Lauvergeon, Arnaud Montebourg, qui était du voyage en Chine, a mis les pieds dans le plat en estimant que la part du nucléaire resterait « au minimum » de 50 % dans le gâteau énergétique français. Au minimum, qu’est-ce à dire ? On ne doute pas que, rentrés en France, les membres de la délégation française en Chine, à commencer par le Premier ministre, sauront trouver les mots et les petites attentions qui mettront du baume au petit cœur tout mou des écologistes dont les grands alliés socialistes ne manquent pas une occasion de rappeler, ces dernières semaines, qu’après tout, ils n’ont pesé que 2 % des suffrages lors de la dernière présidentielle.

C’est Georges Bidault qui aimait à dire que la politique, c’est « menti, démenti et rementi ».

http://www.bvoltaire.fr/dominiquejamet/la-sortie-du-nucleaire-verite-paris-erreur-taishan,43909