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29 novembre 2013 5 29 /11 /novembre /2013 13:48

 

 

le 28 novembre, 2013 dans Afrique, Provoquer le débat par

« L’homme blanc a fait du noir un homme » écrivait Victor Hugo.

Lors de son discours sur L’Afrique, le 18 mai 1879, notre emblématique intellectuel nous livra la face noire de sa morale engagée, déclarant : « Que serait l’Afrique sans les blancs ? Rien ; un bloc de sable ; la nuit ; la paralysie ; des paysages lunaires . L’Afrique n’existe que parce que l’homme blanc l’a touché ». Plus loin il affuble même le berceau de l’humanité d’un :

« L’Afrique n’a pas d’histoire » !

Ce déni d’humanité et d’histoire n’a rien d’extravagant dans notre lumineuse culture. Il a toujours été toléré, et même au-delà, il est un des socles de notre éducation exemplaire. Sinon comment, plus d’un siècle plus tard, Sarkozy aurait pu déclarer à Dakar : « le drame de l’Afrique vient du fait que l’homme africain n’est pas assez entré dans l’Histoire » ?

Mais, encore une fois, nous blanchissons ces propos révisionnistes trop facilement, sans doute parce que dans le fond notre humanisme n’est que médaille sur plastron. D’ailleurs, aujourd’hui multitude de nos rues, collèges et lycées paradent avec les noms de tous ces grands hommes, glorieux étendards de notre nation. Ils sont pourtant de véritables criminels

Quoique, peut-on parler de crimes quand il s’agit d’animaux ou d’objets ? Car, en effet, il est bien stipulé dans l’article 44 du Code Noir (texte juridique réglementant la vie des esclaves élaboré en 1685 par son éminence Colbert ) :

« Déclarons les esclaves être meubles ».

Il faudra attendre jusqu’en novembre 1848, donc bien après les Lumières et Napoléon, pour voir enfin l’abolition officielle et définitive de ce code infâme. La tyrannie du maître devint l’autorité du blanc, et l’esclave fut alors transformé en … domestique. Passant ainsi du statut de machin à celui de machine !
Comme le dit Louis Sala-Molins dans son déconcertant livre Les misères des Lumières :

« On ne chassera plus le noir en Afrique. On en fera, sur place, l’élevage. »

Désormais les noirs pourront jouer du pipeau pour bercer les siestes de leurs patrons devenus récemment philanthropes…
Et cela nous le devons à tous nos philosophes éclairés, que nous pouvons remercier d’avoir osé supposer en des temps opportuns, qu’il y avait sans doute un fond d’humanité chez le Noir… Et qu’il serait judicieux désormais d’établir un calendrier d’affranchissement de leur norme « esclave »… qu’il puisse enfin exprimer ce qu’ils ont de commun avec nous. Mais attention, raisonnablement, chaque chose en son temps, il ne faudrait surtout pas que soient lésés nos anciens colons par ce sursaut de conscience…

« La canne à sucre doit pousser, le moulin doit tourner, l’indigo, le coton, le tabac ne sauraient dépérir ». Tocqueville avait raison : « Si les nègres ont droit à devenir libres, il est incontestable que les colons ont droit à ne pas être ruinés par la liberté des nègres »

« Le bétail ne s’humanise qu’à condition de payer à l’éleveur le prix de la tête qui doit quitter la grange. »

Et puis surtout, il y a l’art et la manière d’accéder à la liberté : les Boukman ou les Toussaint Louverture n’ont pas su s’y prendre avec leurs façons barbares et rancunières ! Ce n’est pas avec les armes qu’on se libère, mais avec la philosophie, n’est-ce pas ?

Car avant d’affranchir le nègre, il faut donc d’abord lui trouver un peu d’humanité : « Corrompus par leurs maîtres, les esclaves des colonies européennes sont devenus incapables de remplir les fonctions d’hommes. » Malheur, il nous fallut en plus les rééduquer ! Le panthéonisé Condorcet fût heureusement pragmatique : en lieu et place de leur droit à la révolte, il leur imposa alors un échéancier, garantissant les impératifs économiques de la France. Ainsi en 70 ans on passera insensiblement de l’emploi de main d’oeuvre esclave à l’emploi de main d’oeuvre salariée. Ce fut alors juste un changement de procédure.

On peut dire que nos Lumières avaient une clarté limitée voire exclusivement rhétorique. Sala-Molins n’en sauve d’ailleurs aucun : de Diderot à Schoelcher en passant par Montesquieu, Voltaire, l’abbé Grégoire et bien d’autres… Mais nous y reviendrons très précisément demain. Nous verrons surtout comment ils ont tous contribué à convertir le néant juridique du nègre en nullité sociale, ou comment « l’esclave » fut remodelé en « sujet » pendant que nous devenions « citoyens »….

Nous rembarrons d’ailleurs toute voix justifiant ces inadmissibles maladresses par le contexte historique. Sachez que des théologiens comme Las Casals ou De Albornoz avaient parlé de la liberté des noirs comme d’une évidence en plein XVIème siècle, et en avaient tiré les conséquences juridiques et pastorales qui en découlaient… Cela bien sûr échappa à toute notre Philosophie éclairée… À moins que ce déni d’initié fût motivé pour des raisons de prestige ou d’économie.

Mais il y a pire encore.

Sala-Molins, lisant ces Lumières coté ténèbres, perçoit très vite l’obscure facette de ces philosophies, cristallisées au sein même d’un des fleurons de notre France éblouissante : La Déclaration des Droits de l’Homme et du Citoyen. Nous rappelons que lors de sa consécration, l’esclavage était alors encore en pleine vigueur. Commençaient à peine le moratoire et le fameux délai d’affranchissement de 70 ans

Ainsi dans l’article 1 qui honore tous les hommes d’une citoyenneté émancipatrice, les Noirs n’avaient donc encore aucune existence juridique : ils n’étaient même pas sujets, ils étaient meubles. Ils n’avaient pas non plus par conséquent de propriétéils l’étaient. Hors corps social, le nègre ne pouvait qu’espérer au mieux une dignité animale pour satisfaire certaines libidos zoophiles de leurs maîtres, et au pire un statut de propriété – défini comme telle en tant que meuble – auquel notre blancobiblique Déclaration n’oublia pas d’énoncer ses prérogatives.

On comprendra mieux désormais toute l’étendue de l’ultime article garantissant le dédommagement des anciens colons par le droit imprescriptible du citoyen à la propriété:

Article 17 : « la propriété étant un droit inviolable et sacré, nul ne peut en être privé, si ce n’est lorsque la nécessité publique, légalement constatée, l’exige évidemment, et sous la condition d’une juste et préalable indemnité. »

 

                                                                                       BIENTOT: PARTIE 2 

 

http://diktacratie.com/code-noir-et-lumieres-blanches/

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